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Centre d’art contemporain
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URBAINES 2008

Ruti SELA et Mayan AMIR
Dafne BOGGERI
Christodoulos PANAYIOTOU

une programation de Denis Pernet et Pauline Boudry
dans le cadre du festival des URBAINES 2008

Liens externes :
www.urbaines.ch

je 4 et ve 5 de 18h à 24h, sa 6 de 15h à 24h
puis sur rendez-vous jusqu’au 22 décembre

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Quatre artistes présentent une sélection d’œuvres, dont de nouvelles productions, dans une exposition qui questionne notre rapport à l’identité et à la culture. Maayan Amir et Ruti Sela (Israël, 1978 et 1974), Dafne Boggeri (Italie, 1975), Christodoulos Panayiotou (Chypre, 1978) ont tous une attitude radicale queer face au sexe et au genre, ainsi qu’à leur identité d’artiste, ancrée dans des contextes historiques particuliers. Confrontant leurs différentes stratégies artistiques, l’exposition s’interroge sur la trace et la mémoire collective, la visibilité et l’autoportrait, ainsi que les conventions sociales sur l’amour.

Christodoulos Panayiotou cherche à travers sa pratique artistique à reconstruire des moments oubliés ou silencieux de la culture et du quotidien. Il interroge les codes et les pratiques sociales et la relation du spectateur à la mémoire et à l’absence. Avec « Sans titre (le fauteuil de Sarah Bernhardt) », 2008, (5) il évoque la trace physique laissée par l’actrice de théâtre excentrique qui s’était fait creuser un siège dans la roche à Belle-Ile-en-Mer pour contempler l’océan. En contrepoint, un feu d’artifice filmé en noir et blanc explose en silence (6). Le même principe anime « Sans titre », 2007 une photographie couleur qui représente une robe ayant appartenu à Marilyn Monroe, acquise aux enchères par un pionnier danois de la pornographie. Ce dernier a construit une armature pour présenter l’habit qui reprend les mensurations exactes de la star disparue (7). « Sans titre (Slow Dance Marathon 5-7.4.06) », 2006, (13) témoigne d’une performance qui a eu lieu à Tel Aviv. L’artiste organise un marathon de danse de slow dans différentes villes et à chaque nouvelle édition, un jour de plus est ajouté. Il questionne ainsi notre rapport à l’amour et à la musique commerciale qui accompagne nos conceptions du romantisme.

Le travail de Dafne Boggeri, ancré dans la culture underground, jette des ponts entre différentes scènes, comme le milieu de la musique électronique, les approches DIY (Do It Yourself), la création de fanzines indépendants, la production d’affiches, la vidéo, l’installation et la performance. Le langage et le corps sont des instruments récurrents dans sa pratique artistique. Provoquant une brèche dans les modes de perception conventionnels, elle crée un espace ambigu, qui permet, en déstabilisant les codes esthétiques, un moment d’utopie. Pour le vernissage, elle bloque l’entrée avec trois voitures noires, « … », 2008, (1) et invite les visiteurs à se faufiler à travers les véhicules pour pénétrer dans l’exposition. Deuxième piratage : elle plante un drapeau sur la façade qui la représente aux rayons X « Autoportrait sans épaules », 2008, (2) se réappropriant ainsi un symbole classique et actuellement utilisé à l’excès par la mode. A l’intérieur, elle offre des T-shirts arborant le mot « Errorist », un néologisme ironique par rapport au contexte politique, permettant à chacun de s’inventer une nouvelle identité, pour celui ou celle qui revendique la possibilité de l’erreur (3). Le slogan s’applique du personnel au collectif en passant au format de l’enseigne lumineuse (8). L’artiste, jouant avec les références fétichistes, avance masquée avec un second autoportrait « Sans titre », 2008 (4).

Maayan Amir et Ruti Sela utilisent le format des vidéos pornographiques amateurs, travaillant sur les relations entre artistes et modèles, entre hommes et femmes, entre sphère privée et domaine public. La trilogie vidéo « Beyond Guilt », 2003-2005, (10,11,12) questionne les relations de genre et la violence. En attirant des hommes dans les toilettes d’une discothèque, ou en organisant des rencontres SM, elles les interrogent sur leur passé militaire, au moment où ils attendent d’elles des relations sexuelles. La caméra prend une place ambiguë entre accessoire érotique et témoin d’un renversement de pouvoir. En parallèle à cette trilogie, les artistes ont créé pour le festival une nouvelle production « Psyché », 2008, (9) où elles confrontent un psychiatre de l’armée israélienne avec un psychologue lausannois.


Dafne Boggeri présente également une performance et une installation à Standard/Deluxe (rue César-Roux 14, Lausanne www.standard-deluxe.ch)

Christodoulos Panayiotou expose un ensemble d’œuvres, dont la vidéo « Guysgocrazy », 2008 à 1m3 (av. de la Harpe 45, Lausanne www.galerie1m3.com)

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BEYOND GUILT (2003-2005)
trilogie vidéo de Ruti SELA et Maayan AMIR (Israël)

Beyond Guilt questionne le rapport entre les relations de genre et la violence. Mayaan Amir et Ruti Sela y utilisent le format des vidéos pornographiques amateurs. En attirant des hommes dans les toilettes d’une discothèque, ou en organisant des rencontres SM, elles les interrogent sur leur passé militaire, au moment où ils attendent d’elles des relations sexuelles. La caméra devient ainsi l’instrument de contrôle d’une scène intime, qui pose des questions sur la société israélienne.

En parallèle à la trilogie Beyond Guilt, les artistes créeront pour le festival une nouvelle production dans les nuits lausannoises.
Maayan Amir (Israël, 1978) et Ruti Sela (Israël, 1974) sont diplômées de la section film de l’Université de Tel Aviv. Dans leurs travaux vidéos, elles travaillent sur les relations de pouvoir entre artistes et modèles, entre hommes et femmes, entre sphère privée et domaine public.

Liens externes :
www.beyond-guilt.com

... (2008), ERRORIST, (2007), UNTITLED (2008) ET PORTRAIT (2008)
installation de Dafne BOGGERI (Italie)

Tel un slogan, "Errorist," annonce le travail de Dafne Boggeri. Proposant au spectateur de revêtir une nouvelle identité, ce travail sous forme de T-shirts et d’enseigne lumineuse réagit de façon ironique au climat politique actuel. L’artiste accueille le visiteur avec un drapeau autoportrait planté sur le toit de la galerie, signe d’appropriation après le piratage du lieu, et par une action lors du vernissage.

Dafne Boggeri (1975) vit à Milan. Son travail, ancré dans la culture underground, jette des ponts entre différentes scènes, comme le milieu de la musique électronique, les
approches DIY (do it yourself), la création de fanzines indépendants, la production d’affiches, la vidéo, l’installation et la performance. Le langage et le corps sont des instruments récurrents dans sa pratique artistique. Provoquant une brèche dans les modes de perception conventionnels, elle crée un espace ambigu, qui permet, en déstabilisant les codes esthétiques, un moment d’utopie.

GUYSGOCRAZY (2008) ET AUTRES ŒUVRES
installation de Christodoulos PANAYIOTOU (Chypre)

Guysgocrazy présente, sur deux écrans, un studio de l’industrie pornographique gay avant et après le tournage d’une orgie. Les traces laissées dans le lieu témoignent de l’action évoquée.

Christodoulos Panayiotou (Chypre, 1978) cherche à travers sa pratique artistique à reconstruire des moments oubliés ou silencieux de la culture et du quotidien. Il interroge les codes et les pratiques sociales et la relation du spectateur à la mémoire et à l’absence.
Il utilise des médias aussi variés que la photographie, la vidéo ou le son.

Liens externes :
christodoulospanayiotou.blogspot.com

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DENIS PERNET & PAULINE BOUDRY

Denis Pernet est commissaire d’exposition au Centre d’Art Contemporain Genève depuis 2003. Il est également actif au sein du collectif d’artistes Abc (avec Vincent Kohler, Jean-Luc Manz et Jean Crotti).
Pauline Boudry est artiste (film, video et installation) et musicienne dans le groupe Rhythm King and her Friends. Elle vit à Berlin depuis 1998.


PATRICK DE RHAM : Pauline et Denis, la démarche de faire programmer des artistes est assez fréquente dans les arts visuels. Considérez-vous que les rôles de curateur et d’artiste fassent encore sens dans ces disciplines?

DENIS PERNET ET PAULINE BOUDRY : Nos pratiques artistiques réagissent au contexte politique dans lequel nous travaillons, il y a certains thèmes qui nous tiennent à cœur. Le travail d’organiser une exposition n’en est donc pas très éloigné: nous essayons aussi de défendre certaines positions et de provoquer une discussion sur des thèmes similaires.

PDR : Quel point commun voyez-vous entre les trois artistes de votre programmation?

DPPB : Ils ont tous une attitude radicale face au sexe et au genre, ainsi qu’à leur identité d’artiste, ancrée dans des contextes historiques particuliers. Ils interrogent la mémoire collective, et l’écriture de l’histoire par des groupes dominants. Ce sont des questions très actuelles! Leurs travaux sont subtils et ils utilisent l’humour pour faire passer leur message. Ce qui nous intéresse n’est pas forcément leurs points communs mais la confrontation de leurs différentes stratégies artistiques: nous espérons qu’elle sera productive.

PDR : Pensez-vous que votre programmation peut être comprise par tout le monde, dans un festival gratuit, dans la ville, comme Les Urbaines?

DPPB : Oui. Les travaux sont sérieux, mais à la fois ludiques. Ils parlent de thèmes qui sont familiers à beaucoup de gens, comme la culture populaire, les manifestations publiques. De plus, ils créent des liens avec différentes scènes, comme les clubs, la musique underground, etc.

PDR : Comment avez-vous envisagé la programmation d’un festival qui se déclare «des créations émergentes»?

DPPB : Nous avons tout simplement choisi des gens qui nous intéressent, et dont le travail est pour la première fois présenté en Suisse.

PDR : Le marché de l’art contemporain est très fort financièrement parlant. On a pourtant l’impression que cela ne facilite pas le travail des artistes. Pourquoi?

DPPB : Le marché de l’art est peut-être fort en ce moment, mais les aides publiques sont de moins en moins importantes et de plus en plus privatisées. Beaucoup de démarches intéressantes ne sont pas très compatibles avec le marché de l’art. Elles ont besoin d’être soutenues par des fonds publiques.

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