Pour sa rentrée, Circuit - association d'art contemporain - propose nuits blanches, une exposition de Didier Rittener, membre fondateur de l'association.
L'artiste investit l'espace d'exposition avec des éléments simples : dessin, mobilier et microbilles de verre. Leur agencement crée pourtant un univers complexe, où l'utilisation du dessin noir/blanc joue un rôle de premier plan dans la création d'un environnement fantastique.
Didier Rittener décalque des textes et des images dont les origines hétéroclites n'ont pas grande importance afin de créer sa propre banque d'images. Cette collection de dessins est comme une boîte à outils avec laquelle l'artiste construit son monde fictionnel. Les dessins originaux, tous au format A4, sont reproductibles à l'infini : ils sont photocopiés puis transférés sur le support final par un procédé chimique. Ce processus de reproduction n'est donc pas totalement mécanisé : nous sommes ici plus proche du cut up et de l'écriture surréaliste que de l'ère informatique et de la science-fiction cyberpunk.
Plaquées au sol de l'entrée, les reproductions d'un motif de carrelage - dont l'échelle est ajustée à celle du format du papier et non à la réalité - crée à la fois un dessin géométrique et l'illusion d'un trompe-l'œil. L'assemblage de dessins collés sur toute une paroi de l'espace pourrait ressembler à un motif de papier peint, mais les éléments qui composent cette fresque ne sont pas reproduits systématiquement. Des mots viennent également perturber cet ensemble à priori anodin. Sur un autre mur, certains dessins sont encadrés et d'autres, posés sur le sol, sont reproduits sous la forme d'un journal.
C'est par la surexploitation des images et la surabondance de leur médiatisation que l'artiste crée cet environnement surréel, perturbé uniquement par la présence d'un meuble. Pour évacuer toute question relative au design, cette structure modulaire est minimale. Sa fonction est de donner un appui visuel dans l'espace. Ce meuble peut également être utilisé comme siège par le spectateur tout en restant proche du socle, lorsque le journal est posé à ses pieds.
Nuits blanches est une exposition entre la tromperie et la substitution. Ses références croisées font voyager le spectateur dans le temps. Sommes-nous face à une époque révolue ou sur le point de devenir?
Géraldine Belmont
Circuit présente une série de peintures de Philippe Holland, artiste canadien vivant à Montréal. Philippe Holland réalise de grandes peintures représentant des portraits de musiciens plus ou moins célèbres au destin tragique et généralement disparus. Ces portraits sont réalisés à l'aide de l'agrandissement de leurs pochettes de disque permettant d'en accentuer la dimension dramatique en annulant la photographie originale et donc l'instant présent.
Voilà 10 ans que le français, sans discontinuité, a trouvé place dans le Kunstbulletin. Quatre pages, à la longue, ce n’est pas juste une incursion mais une réelle possibilité de parler de la scène romande. Mais, quatre pages, à devoir faire un choix chaque mois dans la multiplicité des propositions, c’est vraiment entrer dans un costume trop étroit… L’élargir ? la rédaction du Kunstbulletin le souhaitait. Restait à en formuler les possibilités, à confronter les envies, les intérêts, les curiosités, en un mot à donner une forme à une conviction. L’idée s’est d’abord précisée : pourquoi ne pas proposer autre chose qui appartiendrait plus aux artistes ? puis elle s’est concrétisée : le « Journal » dont la première édition est encartée dans le numéro du mois de septembre du Kunstbulletin. Nous souhaitons que ce « Journal » paraisse tous les deux mois (soit cinq parutions par année). Durant deux ans (soit dix numéros), le même groupe d’artistes de Suisse romande aura carte blanche pour l’imaginer, pour décider de son contenu.
C’est avec la jeune et active association lausannoise « Circuit » – présentée plus longuement dans ce numéro du Kunstbulletin – que nous commençons cette première collaboration. Leur premier numéro inaugure leurs propositions, leurs choix, leurs curiosités qui glaneront sur différents territoires artistiques en abordant le graphisme par une collaboration avec « Optimo » qui a inventé une nouvelle typographie – cette nouvelle police de caractère sera disponible sur cd-rom : « Le caractère “ Circuit ” a été créé sur la base de lettres en plastiques telles qu’on les rencontre parfois dans les garages. Ce poster sera construit comme un programme d’identé visuelle pour l’espace, en incorporant toutes les règles, restrictions et recommandations usuelles à l’utilisation d’une corporate identity. Appliquer un tel programme a un espace d’art relève du clin d’œil absurde : seules de grandes compagnies se le permettent normalement. Ce jeu permet également de positionner “ Circuit ”, nouvel espace d’art, dans le paysage culturel, avec une officialité propre aux plus grands. Ce caractère typographique portant le nom de l’espace aura aussi sa vie propre : il a été sélectionné dans un ouvrage de design graphique qui paraîtra cet hiver et y sera distribué gratuitement dans un cd-rom joint au livre. Ce relai permettra de continuer l’acte de diffusion de cette identité visuelle commencée avec ce numéro du Kunstbulletin. »
Françoise Ninghetto